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Solidarité internationale

La première fête de l’Afdi Alsace

Publié le 10/05/2022 | par Anne Frintz

Dominique Haegelen_Edouard Isner_Afdi Alsace_Fête_Paysans du monde_Rouffach_mai 2022
Le président d’Afdi Alsace, Dominique Haegelen, à droite, et le vice-président Édouard Isner, qui accueille la fête Paysans du monde sur son exploitation, posent à l’endroit où seront installés les stands, dimanche. Près d’un millier de curieux sont attendus.
Anne Frintz
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L’autre vice-président d’Afdi Alsace est Laurent Fischer. Le voici, il y a quelques années, au conditionnement des œufs, sur son exploitation, à Lingolsheim, avec un agriculteur congolais.
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Laura Grandmougin est la dynamique animatrice d’Afdi Alsace.
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François Jenny, le trésorier d’Afdi Alsace, responsable du groupe de travail autour du partenariat au Cambodge, mettait en scène la culture du riz dans une mini-rizière, en 2019, lors de la première fête Paysans du Monde.
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Ce dimanche 15 mai, à la ferme Isner, à Rouffach, l’association Afdi Alsace (Agriculteurs français et développement international), qui réunit les deux structures du Bas-Rhin et du Haut-Rhin depuis septembre 2021, promouvra ses actions au Cambodge, au Congo-Brazzaville et au Mali, à l’occasion de la fête Paysans du monde.

La journée festive et solidaire Paysans du monde n’avait pas eu lieu depuis 2019. À la faveur d’une accalmie de Covid et de la fusion des deux Afdi du Bas-Rhin et du Haut-Rhin en l’Afdi Alsace, l’association renoue avec ce temps de partage et d’informations ludique, ce dimanche 15 mai à la ferme Isner, à Rouffach. Parce qu’une majorité de bénévoles sont haut-rhinois (pour l’instant), la fête a encore lieu dans le sud, cette année. Mais le dynamisme de la toute jeune Afdi Alsace (la fusion date de septembre 2021) en interpellera plus d’un et tendra à équilibrer la donne pour sûr !

Au programme des festivités, dimanche de 10 h à 17 h, il y aura un parcours animé de 40 minutes, à la découverte des actions de l’association de solidarité internationale, au Cambodge, en République du Congo et au Mali ; des mini-conférences, avec la participation d’un agriculteur congolais expérimenté, Joseph Nkounkou, spécialisé en volailles, à la tête d’une ferme pilote dans le département du Pool ; un marché paysan (avec, bien sûr, des mangues du Mali, commercialisées via le GIE alsacien Mangue solidaire) ; de la restauration alsacienne et africaine ; et des contes africains pour petits et grands, avec Innocent Yapi, à 14 h et à 15 h. Les enfants seront les bienvenus : sur des stands dédiés, ils pourront jouer. Le 15 mai sera dense, à la ferme Isner, qu’on rejoint en suivant les panneaux « Asperges Ferme Isner », depuis la route des Cerisiers, à Rouffach. La fête promet d’être belle. Bénévoles et administrateurs sont impatients de communiquer sur les partenariats entre agriculteurs alsaciens, cambodgiens, congolais et maliens.

 

 

Le manguier qui cache la forêt

« Avec l’Afdi 68, au début des années 2000, on a commencé à communiquer sur les mangues et leur vente. On avait baptisé notre fête annuelle la Fête de la mangue. Le produit était encore peu connu en Alsace. Il fallait le mettre en lumière. Mais on a été victime de notre succès ! On ne nous connaissait plus que pour ça ! Alors que nos actions au Mali et ailleurs, ce sont bien plus que des passerelles économiques, c’est-à-dire des partenariats économiques responsables et des produits d’exportation. C’est pour ça qu’en 2019, on a appelé notre journée de sensibilisation festive Paysans du monde », explique Dominique Haegelen, le président d’Afdi Alsace, agriculteur à Wittelsheim.

Dans le sud du Mali, outre la consolidation de la filière mangue d’exportation, notamment par l’amélioration de la production, l’Afdi Alsace a apporté son expertise technique et son soutien financier à l’installation des jeunes et à la formation dans le maraîchage, l’élevage et la transformation laitière, pour la consommation locale. Au nord de ce pays, l’Afdi a dû abandonner ses actions sur la riziculture entre autres, suite à l’envahissement de la région par des djihadistes en 2012. « L’échelle de valeurs n’est pas la même, ici et là-bas. En Alsace, on se bat syndicalement au sujet des charges trop lourdes, etc. En Afrique, le quotidien c’est souvent trouver à manger, à boire, se vêtir. De manière générale, j’ai pris du recul », confie Laurent Fischer, vice-président d’Afdi Alsace et de la FDSEA du Bas-Rhin, aviculteur et céréalier à Lingolsheim. Le quinquagénaire s’est engagé à l’Afdi lorsqu’il était encore Jeune agriculteur. Aujourd’hui, il est responsable du groupe de travail sur le Congo-Brazzaville. Dans ce vaste pays, où certaines productions sont les mêmes qu’en Alsace (volailles, bovins, maïs, soja), le développement agricole passe par quatre fermes pilotes. La structuration des filières est aussi un enjeu de taille, alors que la majorité des travaux se fait encore à la force du poignet. « En maïs par exemple, sur ces dix dernières années, des agriculteurs se sont regroupés, un bâtiment a été construit, un batteur à moteur mis en place. Avant, ce sont les femmes qui égrenaient », illustre Laurent Fischer.

Être entendus

François Jenny, lui, est responsable du groupe de travail sur le Cambodge. Il est aussi trésorier de l’Afdi Alsace. C’est un ancien salarié de la CAC, la coopérative agricole haut-rhinoise, preuve (s’il en fallait) que l’association est ouverte à tous. « J’étais trois fois au Cambodge. C’est une belle aventure, depuis 2013. Avec peu de moyens, les agriculteurs y font de grandes choses. Mais 80 % des légumes consommés viennent encore du Vietnam voisin. Un des buts est de promouvoir les produits locaux sur les marchés », témoigne François Jenny. Au royaume du Cambodge, la fédération nationale des exploitants agricoles cherche à être mieux représentée dans les instances nationales. L’installation et la formation y sont aussi des chevaux de bataille. Le riz, les fruits et légumes, la volaille, dont le canard, le porc, les bovins sont les principales productions. Un jeune agriculteur cambodgien devrait venir en Alsace en juin, dans le cadre des échanges entre professionnels.

A priori, l’obtention du visa sera plus facile pour lui que pour ses homologues congolais. « Avec nos actions ici, nous espérons que tous comprennent que les agriculteurs du monde entier aiment leur terre, leurs terroirs, leurs cultures. Tous ceux qu’on accueille ici quelques jours, sont heureux de rentrer ensuite, motivés à faire mieux… surtout quand on les reçoit en hiver, plaisante Dominique Haegelen. Les migrants, quels qu’ils soient, ne quittent jamais leur pays par plaisir mais, parce qu’il y a un problème chez eux. La guerre en Ukraine nous le rappelle. »

 

 

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