FDSEA du Haut-Rhin
Chasser dans le dialogue et la concertation
FDSEA du Haut-Rhin
Publié le 19/01/2023 | par Jean-Michel Hell
La chasse et les dégâts de gibiers dans la campagne, voilà un dossier qui mobilise la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs du Haut-Rhin. René Zimpfer et Nicolas Dieterich sont chargés du suivi de ce dossier complexe qui fait cohabiter agriculteurs, chasseurs et collectivités pour le meilleur et pour le pire.
Le premier a été mis en responsabilité par le syndicat puis également par la Chambre d’agriculture Alsace dès 1989. Il s’agit de René Zimpfer, exploitant agricole et viticole à Soultz. Le second est un des rares à avoir le permis de chasse au bureau des JA 68. Il s’agit de Nicolas Dieterich, éleveur à Schweighouse, près de Thann. L’actuel secrétaire général a donc pris naturellement la charge de ce dossier chasse. « C’est un poste qui m’intéresse. J’aime bien m’en occuper et défendre les intérêts de ma profession. Mais c’est aussi un sujet complexe, long, parfois stressant », reconnaît Nicolas Dieterich.
Son aîné est tout aussi passionné. « À l’époque, à la fin des années 1980, j’avais repris précipitamment la gestion de l’exploitation familiale. Immédiatement, ma première difficulté a été les dégâts dans mes vignes suite à la prolifération de gibier rouge. Au syndicat, le directeur de l’époque, Hubert Wunenburger m’a expliqué ce dossier et m’a incité à prendre des responsabilités. Depuis, je suis mobilisé. J’ai voulu me retirer mais Pascal Wittmann pour la FDSEA 68 et Denis Nass pour la Chambre m’ont demandé de poursuivre cette mission pendant encore un mandat, le temps de préparer mon successeur. Je compte sur les jeunes, notamment Nicolas Dieterich, pour apporter de nouvelles idées pour défendre notre profession », ajoute René Zimpfer.
Des réunions tendues avec les chasseurs
C’est d’autant plus important qu’il va bientôt falloir renouveler les baux de chasse alors que le futur nouveau cahier des charges des chasses communales est en cours d’élaboration, de même que le nouveau schéma départemental de gestion cynégétique. « La difficulté actuelle concerne les relations entre les JA et la fédération de chasse. Nos prises de position n’ont pas été appréciées. Dans des discussions, il faut de l’écoute mutuelle, du respect et que chacune des parties mette de l’eau dans son vin. Je n’ai pas eu cette impression. Du coup, ces derniers temps, les JA n’ont plus été invités aux réunions initiées par les chasseurs », constate Nicolas Dieterich qui vit donc un début de mandat mouvementé.
René Zimpfer se veut plus posé. Il a déjà participé et assisté aux rédactions de quatre schémas cynégétiques. « C’est vrai que les réunions avec les chasseurs ont été plus tendues cette année. Dans le cadre d’un simulacre de concertation, nous avons été provoqués avec des propositions qui allaient totalement à l’encontre des intérêts agricoles. Il faut que nos interlocuteurs soient sérieux et respectueux des autres parties. Sur le fond, la vraie différence aujourd’hui, c’est le contexte économique qui est difficile. Les chasseurs ont pris conscience de leur rôle réel dans la régulation du gibier excédentaire avec l’appui du préfet du Haut-Rhin qui est très à l’écoute sur ce dossier. Il a poussé son administration à prendre des arrêtés pour faciliter l’action de chasse », poursuit-il. Sur ce plan, la FDSEA et les JA ont soutenu toutes les demandes de la fédération des chasseurs, comme la lunette de vision nocturne, et ont même été force de proposition en obtenant de l’administration que les chasseurs puissent tirer au bord des parcelles en cours de récolte, lorsque le gibier sort à découvert.
30 septembre 2023 : la date butoir
La conséquence de ces arrêtés a été la division par trois des dégâts en prairie et en montagne alors qu’ils ont un peu augmenté en plaine. « Cependant, si une bataille est gagnée, la guerre contre la surpopulation de certaines espèces doit continuer. Il y a peu de situations alarmantes à ce jour sauf sur une cinquantaine de lots de chasse, qualifiés de « points noirs » car le travail de régulation n’est pas correctement fait. Sur les autres lots, il faut aussi poursuivre le travail de régulation. Mais nous, professionnels de l’agriculture, nous sommes également conscients des difficultés des chasseurs. Ils ont du mal à se renouveler. Pour autant, il faut ramener un vrai équilibre agro-sylvo-cynégétique », note René Zimpfer.
Il est vital que les discussions reprennent rapidement. L’ancien schéma était valable jusqu’au 31 décembre 2022. Mais aucun consensus n’a été trouvé pour l’écriture du nouveau. Du coup, l’ancien schéma a été prolongé jusqu’au 30 septembre 2023 qui est une date butoir. « Ou un nouveau schéma se met en place, ou il y aura des arrêtés qui vont forcément encadrer l’action de chasse. Il faut donc que cela bouge », répète René Zimpfer. « Pour les JA, notre position reste ferme sur le sujet de l’agrainage et la kirrung qui est l’appât qui permet de stabiliser un sanglier pour pouvoir le tirer. Nous ne pouvons pas accepter davantage de maïs sur des zones en montagne pour attirer le gibier », précise Nicolas Dieterich.
Les deux représentants des agriculteurs ajoutent que « la concertation et le dialogue sont absolument nécessaires pour avancer. Il va de soi que nos échanges doivent reprendre sereinement, avec du respect et dans l’intérêt de la chasse, du monde agricole, des forestiers et des collectivités. Nous devons tous nous sentir concernés », concluent René Zimpfer et Nicolas Dieterich.
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