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Pratique

Organismes stockeurs alsaciens

Des règles communes pour une moisson « en toute sécurité »

Publié le 30/06/2020 | par Nicolas Bernard

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Un dispositif unique pour tous les céréaliers alsaciens a été mis en place par les organsimes stockeurs, quant à la livraison des céréales, cet été.
Ilona Bonjean

Comment assurer les récoltes de céréales dans un contexte sanitaire fragilisé à cause de l’épidémie de Covid-19 ? Face à une crise d’une telle ampleur, les organismes stockeurs alsaciens ont décidé d’apporter une réponse commune en mettant en place les « 7 règles du jeu pour une moisson réussie ». Des instructions à respecter scrupuleusement lors de la livraison de ses céréales, quel que soit le point de collecte, du nord du Bas-Rhin au sud du Haut-Rhin.

Lundi 16 mars, J-1 avant le confinement décrété quelques jours plus tôt par le président de la République. Devant les supermarchés, des files d’attente impressionnantes de consommateurs inquiets se forment. On veut faire le « plein » avant des semaines qui s’annoncent bien longues. Chez les organismes stockeurs (OS) alsaciens, un phénomène similaire se produit. Ici, pas de paquets de papier toilette ou de kilos de pâtes sur la liste des courses. On veut faire le plein d’intrants et de fournitures, au cas où.

À ce moment, les agriculteurs ne savent pas encore que leurs points d’approvisionnement et de collecte habituels resteront bel et bien ouverts. En interne, les équipes des OS sont pleinement mobilisées pour répondre à cet afflux quelque peu disproportionné. À la Coopérative agricole de céréales (CAC), au Comptoir agricole, chez Armbruster et chez Gustave Muller, le topo est le même : les procédures habituelles, pourtant bien rodées, ne sont pas adaptées à un tel scénario. « Qui aurait pu imaginer, il y a quelques mois, ce à quoi nous allions être confrontés », souligne aujourd’hui le directeur général de Gustave Muller, Nicolas Koenig. Si le maintien du service apporté aux agriculteurs était - et l’est toujours - primordial pour ces entreprises, il fallait en premier lieu assurer la sécurité de l’ensemble des collaborateurs. « Tout cela a généré une prise de conscience », relate le directeur général de la CAC, Jean-Marc Schacherer.

Chaque OS a d’abord mené des réflexions en interne pour voir les mesures à mettre en place sur chacun de leurs sites. « Au final, on est tous arrivés aux mêmes conclusions. On s’est alors mis d’accord pour mettre en place une cellule commune au niveau de nos ressources humaines afin d’avoir un partage des bonnes pratiques », développe le directeur de la CAC. Chaque semaine, une réunion inter-OS autour du sujet Covid-19 était organisée. Naturellement, la question de la récolte à venir est arrivée sur la table. Le « point d’orgue » d’une saison agricole qui allait être contrainte cette année par une crise sanitaire exceptionnelle.

 

 

« On ne peut pas se relâcher »

En clair, il fallait s’assurer que les règles sanitaires ne deviennent pas des « éléments de différenciation commerciales » entre les OS alsaciens. « Cet enjeu a prévalu naturellement chez tout le monde », fait remarquer Jean-Marc Schacherer. C’est comme cela que sont nées les « 7 règles à respecter » (voir encadré) qui vont être mises en application durant la toute proche récolte des céréales d’hiver et, plus tard, pour celle des céréales de printemps. Un dispositif unique pour tous les céréaliers alsaciens, qu’ils soient du Kochersberg, du Sundgau, de la Plaine ou de l’Outre Forêt, et qu’ils soient adhérents du Comptoir agricole, de la CAC, d’Armbruster ou de Gustave Muller. « Il vaut mieux anticiper plutôt que de subir », résume très simplement Nicolas Koenig.

Même si l’épidémie de Covid-19 n’est plus à son intensité du début du printemps, le virus continue de circuler ; les clusters apparus ici et là sur le territoire national au cours des derniers jours sont là pour le rappeler. « On ne peut pas se relâcher, rien que par respect pour nos collaborateurs. Certains ont vu la maladie de près. Les inquiétudes sont réelles parmi eux. C’est notre rôle en tant que dirigeants d’assurer leur sécurité », poursuit le responsable de Gustave Muller. Tous les OS alsaciens ont été touchés à divers degrés par l’épidémie. Par exemple, au Comptoir agricole, le taux d’arrêt maladie est monté jusqu’à 15 %, tandis que chez Gustave Muller, vingt collaborateurs sur cent ont été absents en même temps à cause du virus. À la CAC, le taux d’absentéisme est resté « faible », tout comme chez Armbruster. Comme toutes les entreprises, les OS ont mis rapidement en place les mesures nécessaires pour sécuriser leurs collaborateurs : télétravail quand la fonction le permet, distance minimale de sécurité, gel hydroalcoolique, etc. « Il y a eu un peu de chômage partiel sur des boulots mineurs mais cela n’a pas duré longtemps. Concrètement, on n’a pas arrêté de travailler ne serait-ce qu’une seule journée. Et puis, dans la mesure où on n’est pas quinze à travailler dans le même lieu, les gestes barrières sont plus faciles à appliquer sur nos sites », considère le directeur général du Comptoir agricole, Denis Fend. Quel que soit l’OS, aucun décès ou admission en réanimation n’est à déplorer parmi les salariés. La volonté est évidemment que cela continue dans ce sens.

 

 

La « mission » de collecte sera assurée

Grâce à ces sept règles validées par tous - dont FDSEA et JA -, il ne pourra pas y avoir d’ambiguïté pour les agriculteurs qui livreront leurs récoltes de céréales. « Il était essentiel d’apporter un message clair et unique à tous. Depuis le début du déconfinement, nous déplorons malheureusement des comportements inappropriés de certains clients par rapport au Covid-19. Ce n’est pas parce qu’on est déconfiné, qu’on est revenu à la normale. Pour d’autres, c’est la situation inverse avec une grande peur à sortir de chez soi. Au milieu de tout ça, il y a un entre-deux à avoir, à appliquer et à faire respecter », insiste Nicolas Koenig. Par exemple, il sera obligatoire, lors de la moisson, de prendre rendez-vous 48 heures à l’avance avec son collecteur. Une « contrainte supplémentaire » déjà expérimentée ces trois derniers mois qui devra être impérativement respectée.

Pour autant, pas d’inquiétude à avoir, tous les OS sont unanimes : cela ne les empêchera pas de mener à bien la mission qui leur est dévolue, à savoir assurer la récolte de leurs adhérents en temps, en heure et en qualité. Jean-Michel Schacherer l’assure : « Avec ce dispositif, le temps d’attente et de livraison peut être divisé par deux ou par trois. Cela nous permet de calibrer les ressources. Certes, la moisson du blé est particulière car elle doit être faite rapidement. Mais on peut mettre les moyens en face. Et la planification est un outil extrêmement important pour y arriver. »

C’est d’autant plus indispensable qu’en aval, une qualité irréprochable de la production est attendue, Covid-19 ou pas. « Ce qu’on va mettre dans nos silos va être primordial pour la commercialisation de demain. Pour l’instant, on déplore une certaine morosité sur les marchés. Il faut donc qu’on soit capable de proposer le meilleur à l’ensemble de nos débouchés », précise Jean-Marc Schacherer.

Il reste à espérer qu’une deuxième vague épidémique ne soit pas à déplorer cet automne, au moment de la récolte de maïs, le « gros morceau » de la moisson en Alsace. « C’est un scénario pris de plus en plus au sérieux par les spécialistes. Évidemment, j’espère que cela ne sera pas le cas. Mais si ça devait l’être, au moins on sera prêt dans la mesure où les règles sanitaires auront été mises en place et éprouvées au sein de tous les points de collecte d’Alsace », conclut Nicolas Koenig.

Les 7 règles à respecter

  1. J’annonce mes chantiers de récolte au chef de silo ou à mon commercial (si possible 48 h avant) pour fluidifier le trafic et diminuer les temps d’attente.
  2. Je reste dans ma cabine tant que le responsable de silo ne m’a pas fait signe d’en descendre.
  3. Je mets mon masque avant de descendre de la cabine et je respecte les gestes barrières (notamment pas de serrage de main, distanciation sociale d’un mètre minimum, éternuement ou toussotement dans le coude ou un mouchoir).
  4. Je n’entre dans les locaux qu’après y avoir été invité. La plupart des accueils se feront à l’extérieur des bâtiments.
  5. Je prévois mon propre stylo.
  6. Je lis mon bon d’apport, le valide en le signant et le dépose à l’endroit prévu à cet effet après m’être désinfecté les mains à l’aide de gel hydroalcoolique.
  7. J’ai conscience que la moisson 2020 a lieu dans des conditions particulières. Je fais preuve d’adaptation et de compréhension à l’égard des règles du jeu définies par mon OS.

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