Cultures

Libre cueillette à Stutzheim-Offenheim

Des légumes en liberté

Publié le 18/08/2020

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Laure Devivier, 28 ans, cheffe d’exploitation de la libre cueillette de légumes de Stutzheim-Offenheim.
Germain Schmitt
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Christophe Georg, sa femme Martine Bourzeix et leurs petits enfants, en train de récolter des carottes.
Germain Schmitt
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Méliha Jahic (à droite) et sa fille récoltent des salades, une première pour elles.
Germain Schmitt

Une nouvelle libre cueillette de légumes a ouvert ses portes dans le Kochersberg. Située entre Stutzheim et Wiwersheim, la SCEA de Laure Devivier propose près d’une vingtaine de variétés. Malgré la crise sanitaire et l’été caniculaire, les visiteurs sont au rendez-vous.

Diplômée de l’école d’ingénieur agronome de Beauvais, Laure Devivier se lance comme agricultrice en 2017, comme activité secondaire, avec la libre cueillette de fleurs. En parallèle, elle occupe un poste de conseillère agricole à la coopérative CT2F. Son compagnon exploite d’ailleurs 16 ha de tabac. En 2020, voyant que les fleurs plaisent, elle décide de passer à la vitesse supérieure. Elle quitte son emploi et le projet de libre cueillette de légumes voit le jour. Depuis mars 2020, c’est son activité principale, elle cumule la libre cueillette de fleurs sur huit points de vente et celle de légumes sur 3 ha. Si le confinement n'a pas repoussé l'ouverture de la cueillette en juin, il a retardé le montage de certaines infrastructures, ce qui n'était pas de tout repos pour Laure Devivier qui a travaillé toute la durée du confinement à la mise en place : « Tout a pris plus de temps, il y avait beaucoup de freins par rapport aux fournisseurs ». Mais depuis juin, les visiteurs sont au rendez-vous. La libre cueillette est ouverte jusqu'à fin octobre.

 

 

« Pour un retour à la terre »

La libre cueillette incarne le « do it yourself » (faites-le vous-même, en anglais), plus communément abrégé DIY. Si Laure Devivier préfère laisser les visiteurs cueillir au lieu de leur proposer des légumes déjà cueillis, « c’est avant tout pour le côté pédagogique, pour un retour à la terre », affirme-t-elle. Et forcément, si les légumes devaient être récoltés en amont, « la main-d’œuvre coûterait cher aussi », ajoute-t-elle. Elle espère ainsi participer au partage de bons moments. « Les gens viennent plus pour la balade, pour venir avec les enfants et passer du temps ensemble. »

Pour certains, c’est aussi l’occasion d’adopter de meilleurs comportements de consommation. Christophe Georg, client fidèle de la libre cueillette, accompagné de sa femme et de leurs petits enfants, souhaite « inculquer un certain retour à la nature, à la source, aux plus jeunes ». Méliha Jahic est venue avec sa fille. Habitantes d’Avenheim et cueilleuses pour la première fois, elles préfèrent « acheter local, même si ça demande l’effort de venir et cueillir, on est sûrs de savoir d’où ça vient ». Crise mondiale oblige, l’origine des produits est une question qui est revenue au cœur de l’actualité.

 

 

Manger local

Avec la situation sanitaire, « certains ont vraiment réfléchi à leur alimentation, ils se sont rendu compte qu’ils ne mangeaient pas forcément bien. Ils cherchent maintenant du local et prennent plus de temps pour se concentrer sur ce qu’ils mangent », remarque Laure Devivier. Le confinement a permis une certaine prise de conscience, que ce soit sur la santé physique ou la santé économique des Français. « Avec le confinement, on essaie de faire travailler les locaux. Pour notre santé, on se rend compte que c’est mieux aussi », affirme Méliha Jahic.

En tant que retraité, Christophe Georg « préfère venir souvent ». « Le confinement a conforté notre manière de voir les choses, même si on était déjà très proches de la nature. Il nous a encore plus rapprochés du circuit court. Par exemple, on essaie de manger des fraises lorsque c’est la saison », ajoute-t-il. Laure Devivier remarque que « la cueillette permet aux visiteurs de réapprendre les saisons, chose qu’ils ont tendance à oublier une fois en grandes surfaces ». Si Méliha Jahic ne craint pas les supermarchés, Christophe Georg « les évite encore et préfère aider les commerces de proximité ».

Des retours positifs

À deux mois de la fermeture de la cueillette pour l’année, Laure Devivier se félicite des premiers mois d’ouverture : « C’est un bon début, on reçoit des retours très positifs, il y a déjà des habitués, beaucoup cherchent de la qualité et la retrouvent ici. » En tant que chef d’exploitation, Laure a engagé deux saisonniers pour l’épauler et gérer toutes les variétés produites sur la parcelle : tomates, poivrons, aubergines, concombres, courgettes, radis, persil, haricots, petits pois, betteraves, melons, pastèques, salades, radis, carottes, choux, framboises, etc. Pour la libre cueillette, « la difficulté c’est de quantifier ». Elle utilise l’exemple des melons, qui étaient « bons et en quantité mais les visiteurs se sont rués dessus ». Les tendances de consommation peuvent très bien varier d’une année à une autre et c’est ce qui est difficile à gérer. Cette année, d’autres problèmes sont apparus : la chaleur et la sécheresse. « Le vent dessèche tout, c’est un coût et du temps supplémentaires, les légumes peuvent être brûlés. Les fortes chaleurs impactent aussi la venue des clients », affirme Laure Devivier. Pour l’année prochaine, elle a des idées : « Il peut y avoir un agrandissement, des cultures un peu nouvelles comme les plantes aromatiques. » « Une petite boîte à idées est disponible et les visiteurs peuvent y laisser leurs envies, on les relèvera en fin de saison », conclut-elle.

 

 

Une cueillette réglementée

En arrivant, le cueilleur est invité à utiliser du gel hydroalcoolique. Malgré la décision de la préfecture du 9 août sur la généralisation du port du masque, ce dernier n’est pour l’instant pas obligatoire mais la distanciation sociale est fortement recommandée. Les visiteurs doivent éviter un maximum de cueillir face-à-face ou dans un espace réduit. Si un visiteur n’est jamais venu auparavant, un petit briefing s’impose à son arrivée. Tout d’abord, il faut se munir d’un sécateur ou d’un couteau et d’une caisse ou d’une brouette. Ensuite, un plan de l’exploitation est affiché pour bien se repérer. Si un panneau avec le nom et le prix du légume est placé devant une rangée ou une serre, c’est que le cueilleur peut se servir. Dans le cas contraire, il ne doit pas y toucher.

 

Lire aussi : La liberté révisée, sur le site de L'Est agricole et viticole, et sur le site du Paysan du Haut-Rhin.

 

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