Pratique

Conseil départemental du Bas-Rhin

Faciliter le rebond de l’économie alsacienne

Publié le 26/06/2020 | par Florence Péry

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Frédéric Bierry, président du conseil départemental du Bas-Rhin, présente le plan de relance en présence des présidents des trois Chambres consulaires.
Germain Schmitt

Le conseil départemental du Bas-Rhin a adopté, lundi 22 juin, un plan de relance de 200 millions d’euros (M€) pour faciliter « le rebond » de l’économie alsacienne après la crise sanitaire.

Impulser « un choc de confiance » : tel est l’objectif du plan de relance adopté à l’unanimité par les élus du conseil départemental du Bas-Rhin réunis lundi 22 juin, en séance plénière. En présentant les grandes lignes à la presse quelques jours auparavant, Frédéric Bierry, son président, a insisté sur la volonté de la collectivité d’apporter son soutien aux acteurs de l’économie afin de sauvegarder l’emploi et d’agir contre la précarité. Il s’agit, en somme, de faire en sorte que la crise sanitaire ne débouche pas sur une crise économique et sociale majeure, ce que beaucoup craignent aujourd’hui. Signe de la confiance placée dans l’économie locale, la présence autour de lui ce jour-là des présidents des trois Chambres consulaires - Denis Ramspacher (Chambre d’agriculture Alsace), Jean-Luc Hoffmann (Chambre de métiers d’Alsace) et Jean-Luc Heimburger (Chambre de commerce et d'industrie Alsace Eurométropole).

Les 200 M€ prévus, essentiellement financés par l’emprunt, devraient permettre de créer un effet de levier dont profitera l’ensemble du territoire, espère le président du Département. Le conseil départemental a voulu un dispositif « simple et qui ait du sens ». Les entreprises, associations et particuliers souhaitant émarger aux différentes mesures auront donc un simple formulaire en ligne à remplir. Les demandes seront examinées « territoire par territoire pour tenir compte des réalités locales », ajoute le président du conseil départemental du Bas-Rhin.

 

 

Renforcer la commande publique

Pour pallier la baisse de la commande privée, le Département du Bas-Rhin va ainsi renforcer la commande publique. Il compte doubler son budget d’investissement dans les travaux publics avec 31 M€. Cette enveloppe servira par exemple à accélérer la construction du transport en site propre ouest (TSPO) dans le Kronthal. Un peu plus de 10 M€ seront consacrés au secteur du bâtiment (collèges et bâtiments départementaux), avec un accent mis sur les travaux liés au développement durable et à la transition énergétique. 5,40 M€ sont quant à eux prévus pour les installations photovoltaïques sur le patrimoine immobilier de la collectivité. 21 sites, dont 19 collèges, ont déjà fait l’objet d’une étude de faisabilité qui leur permettra de bénéficier d’une énergie renouvelable produite localement avant 2021.

Une aide directe sera par ailleurs accordée aux entreprises pour les aider à faire face aux surcoûts d’équipement sanitaire qu’elles engagent pour protéger leurs salariés ou leurs clients contre la Covid-19. Les entreprises qui ont dû payer un loyer sans encaisser de recettes lors de l’épidémie, en bénéficieront également, précise Frédéric Bierry.

 

 

Une légumerie à l’étude

Le conseil départemental souhaite favoriser les circuits courts partout où c’est possible : dans le domaine de la santé, de l’énergie, mais aussi dans l’alimentation. Dans cet esprit, il accordera une bonification aux bénéficiaires de bons alimentaires qui achètent des produits auprès des agriculteurs locaux à partir de la rentrée 2020. Pour lever les freins à l’utilisation de produits locaux dans la restauration collective, il étudie aussi la possibilité de créer une légumerie départementale. Cette structure serait alimentée par les agriculteurs alsaciens qui fourniraient les fruits et légumes nécessaires. L’épluchage, le lavage et le conditionnement seraient assurés par des personnes en situation de précarité.

Dans le cadre de ce plan de relance, plus de 29 M€ sont prévus pour soutenir les actions de proximité. Le conseil départemental distribuera par exemple des chèques vacances aux familles modestes. Ces chèques, d’un montant total de 100 €, seront utilisables dans les restaurants, les campings ou pour toute une série d’activités de loisirs. S’ils sont consommés localement, un deuxième chèque s’ajoutera au premier. 65 000 familles en bénéficieront, prévoit le conseil départemental du Bas-Rhin. Un fonds d’urgence de 7 M€ sera débloqué au bénéfice des acteurs du tourisme et des filières locales, parmi lesquelles les exploitations agricoles. Le conseil départemental du Bas-Rhin envisage également d’engager une communication forte avec la marque Alsace.

Via les contrats départementaux de développement territorial et humain, 40 M€ seront accordés aux acteurs locaux (EPCI, communes, associations, entreprises). Ils viendront compléter l’enveloppe de 60 M€ qui leur est déjà acquise, le but étant, là encore, que les projets soutenus bénéficient aux entreprises du territoire. Il s’agit bien de favoriser la souveraineté économique, de soutenir « l’économie de la vie courante, de l’essentiel ». Cette économie dont l’épidémie de Covid-19 a fait apparaître les fragilités. Une enveloppe spécifique de 5 M€ est prévue pour les associations, dont les activités ont à la fois un impact sur l’économie locale et sur la cohésion du territoire.

Un dernier volet de ce plan de relance concerne les personnes : la fourniture de près de 4 millions de masques réutilisables aux Bas-Rhinois représente un budget de 7,80 M€, auxquels s’ajoute 1,60 M€ consacré à l’équipement en masques FFP1 des agents du Département, personnels des Ehpad et assistants familiaux. Le conseil départemental a également souhaité apporter une gratification aux personnels des établissements et services sociaux et médico-sociaux mobilisés durant la crise sanitaire. 9,50 M€ y seront consacrés.

 

 

« Compter sur tout le monde »

Si elle a révélé les faiblesses et l’impréparation de l’économie française au risque sanitaire, cette crise a aussi mis en lumière l’importance des entreprises, qui sont « un élément essentiel du fonctionnement du pays. Il ne faudrait plus qu’on l’oublie », souligne Jean-Luc Heimburger. Dans ces circonstances exceptionnelles, « il est important qu’on puisse compter sur tout le monde », ajoute-t-il, évoquant aussi bien le Département que la Région. Un travail collaboratif interconsulaire a déjà été entrepris sur les circuits courts, avec la mise en ligne de sources d’approvisionnement locales, signale le président de la CCI Alsace Eurométropole. Les circuits courts, c’est aussi un cheval de bataille pour la Chambre d’agriculture Alsace, rappelle Denis Ramspacher. « Si on veut une production locale, il faut des outils pour mettre en relation producteurs et consommateurs, il faut arriver à produire des volumes importants pour pouvoir intégrer la restauration hors domicile. » Il faut aussi des prix suffisamment rémunérateurs et que le réflexe de la consommation locale soit durable.

À l’unisson de ses collègues, Jean-Luc Hoffmann se réjouit du soutien apporté par la collectivité pour passer ce cap éprouvant. La CMA travaille sur un label « artisan d’Alsace », destiné aux entreprises qui font l’effort de s’approvisionner localement et de travailler en circuit court. Ce qui permettra au consommateur d’identifier les tenants de ce modèle « beaucoup plus local » dans lequel « nos achats sont nos emplois ».

 

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