• Accueil
  • >
  • Vigne
  • >
  • La maturation redémarre, bonne surprise côté acidité
Vigne

Quatrième contrôle de maturité

La maturation redémarre, bonne surprise côté acidité

Publié le 14/09/2023 | par DL

phrasea_173539.jpg

En jaune, l'évolution de l'acidité des pinots gris qui résiste bien, tandis que les sucres accusent un retard par rapport à 2017.
Civa

Le Civa a publié le quatrième contrôle de maturité. La bonne surprise vient de l'acidité tartrique qui va maintenir une bonne fraîcheur du millésime. L'accumulation des sucres est repartie malgré les chaleurs. Hormis l'état sanitaire des cépages à pellicule fine à surveiller, le millésime s'annonce intéressant.


Entre 0,8 et 1,5°, c’est la quantité de sucres (convertis en alcool potentiel) accumulés en une semaine, entre le 31 août et le 7 septembre. Beaucoup plus donc que les 0,4° accumulés la semaine précédente. Après une période semble-t-il d’interruption, la vigne a donc repris son cours de maturation naturelle, malgré les fortes chaleurs.

D’un point de vue purement physiologique, il était compliqué pour la plante à la fois de se thermoréguler pour lutter contre la chaleur et d’accumuler les sucres. A contre-nature thermodynamique, l’accumulation et la concentration des sucres dans les baies sont coûteuses en énergie. Or la vigne en avait besoin pour maintenir ses feuilles à température viable malgré la canicule. Mais dans le vignoble, des cas de brûlures et défoliations sont observés sur des parcelles qui n’arrivent pas à gérer cette double demande en énergie.

Sucres, un décalage par rapport à 2017

Les courbes de maturation ont donc repris leur cours, mais avec un décalage qui devrait être rapidement comblé sous l’effet du rafraîchissement et des pluies. Mais le décalage est par exemple très visible sur les pinots gris qui ne sont qu’à 10,8° contre 12,7° en 2017 à la même date. Ou encore les pinots noirs à 11°3 contre 12,1° en 2017.

Les cépages rhénans ont également souffert de cet épisode de chaleurs anormales en cette arrière-saison, et accusent du retard. Les rieslings sont à 9,8 contre 10,7 en 2017. Les gewurtz sont à 11,3° contre 13,4° en 2017 à la même date. La bonne nouvelle pour ces deux cépages est que l’acidité « brûle » moins vite, ou présente un meilleur potentiel qu’en 2017.

Idem pour les pinots d’ailleurs. Ceci est peut-être lié à la période pluvieuse et favorable à la végétation de début août ce qui permet une meilleure concentration en tartrique. L’acidité des pinots gris et pinots noirs semble ainsi mieux résister au cours de la maturation qu’en 2017. De même d’ailleurs pour les auxerrois.

Etat sanitaire des cépages à pellicules fines

Au vignoble, l’inquiétude porte surtout sur l’état sanitaire, en particulier la pourriture acétique des pinots noirs et gris qui vont nécessiter de trier avant vendange manuelle ou mécanique. Les services de contrôle de maturité indiquent que le poids moyen des grappes de pinot noir a sensiblement diminué pour passer de 120 à 110 grammes / grappe.

L’indice de polyphénols totaux reste stable tandis que la couleur (en mg/kg d’anthocyanes) progresse significativement depuis le dernier prélèvement. La forme de la courbe d’évolution des anthocyanes - en forme de V - est d’ailleurs tout à fait singulière en 2023 et unique dans les annales, preuve que les chaleurs excessives ont eu un impact physiologique tout-à-fait extraordinaire.

Avec les pluies et le rafraîchissement, tout devrait rentrer dans l’ordre avec cependant comme priorité l’état sanitaire de certaines parcelles. Hormis cet aspect, le millésime s’annonce de bonne facture puisque la maturation s’harmonise.

Sur le réseau de maturité des partenaires techniques du vignoble, partagé sur le site professionnel du Civa, les données de maturité sont nombreuses. Si l’acidité malique a semble-t-il bien souffert des chaleurs, avec des teneurs souvent comprises entre 1 et 2g/l, parfois un peu plus dans le Bas-Rhin, la teneur en acide tartrique reste élevée, ce qui confirme donc la bonne tenue du millésime 2023 et augure d’une bonne structure acide en bouche. Les acidités totales ainsi que les pH sont à l’avenant, et se situent autour de 3 et 3,3, mais les degrés sont encore poussifs, le plus souvent compris entre 10° et 11°5 quel que soit le cépage.

Les vidéos