AG des syndicats des cantons d’Altkirch et du Jura alsacien, et de Dannemarie
Les éleveurs ont besoin de soutien
AG des syndicats des cantons d’Altkirch et du Jura alsacien, et de Dannemarie
Publié le 27/02/2021
Les syndicats des cantons d’Altkirch et du Jura alsacien ont tenu leur assemblée générale, les 15 et 16 février, sous l’égide de leurs présidents respectifs Christian Dietschy (Altkirch) et Didier Kohler (Jura), et de leurs dynamiques bureaux. Après la traditionnelle présentation du rapport d’activité, les débats ont été nourris sur plusieurs thématiques.
Les dégâts de gibiers ont encore été spontanément au cœur des échanges. Ce fut l’occasion d’expliquer les actions en cours portées par la FDSEA – dont le journal s’est fait le relais à plusieurs reprises. A aussi été remis le livret réalisé par la FDSEA et les JA pour faire connaître leurs droits aux agriculteurs victimes de dégâts.
Les chasseurs, le fonds d’indemnisation des dégâts de sangliers, l’administration et les maires doivent s’acquitter pleinement de leurs obligations : aux agriculteurs de le leur rappeler, par le dialogue dans un premier temps, ou d’autres mesures – avec le soutien de la FDSEA – si le dialogue ne suffit pas. Le passage du permis de chasser va également commencer pour 15 agriculteurs volontaires.
Il faut sauver le soldat betteraves !
Les présidents ont fait part aux agriculteurs des propositions intéressantes faites par la coopérative sucrière d’Erstein pour consolider la filière betteravière alsacienne. La sucrerie recherche de nouveaux planteurs pour garantir sa survie. Les participants ont rappelé que des producteurs du Sundgau cultivaient de la betterave dans le passé, mais les planteurs ont été indemnisés pour arrêter cette production.
Il a été souligné que tous les parlementaires alsaciens avaient été à l’écoute de l’agriculture, lors du vote permettant une dérogation provisoire pour l’usage des néonicotinoïdes. Leur position fut courageuse, qu’ils en soient remerciés.
Trop de normes tuent l’esprit d’initiative
La nouvelle carte relative aux cours d’eau a été longuement commentée : la carte IGN imposée par l’administration en 2021 n’a pas repris les travaux de terrain réalisés par la FDSEA, la CAA et la DDT. Cependant, cette situation est provisoire et une nouvelle carte, plus pragmatique, devrait sortir en 2022.
S’il est important de respecter les règles pour ne pas s’exposer à des amendes, il faut cependant faire attention à ne pas accepter des contraintes non obligatoires sans rémunération : quand les collectivités par exemple demandent l’implantation de certaines cultures contre les coulées de boues, ou pour préserver la qualité de la ressource en eau, les agriculteurs sont invités à négocier des prestations, non seulement pour compenser pertes et contraintes, mais également pour rémunérer le travail qu’ils réalisent dans l’intérêt général.
Par ailleurs, les négociations en cours sur les mesures de réduction des nitrates interrogent : plusieurs agriculteurs du sud du département ont observé les pollutions dues aux stations d’épuration qui ne sont pas aux normes et qui rejettent leurs effluents dans les cours d’eau.
La Pac et les prix, sujets d’inquiétudes
Les participants craignent que les pouvoirs publics n’aient pas pris conscience des conséquences dramatiques qu’aurait la rotation à la parcelle sur la culture du maïs, si cette mesure était adoptée. De même que les consommateurs et riverains n’ont pas conscience que le maïs est présent dans la majorité des plats cuisinés, et des matériels et matériaux que nous utilisons dans notre vie courante.
Il faudrait également veiller à ne pas mettre la charrue avant les bœufs : il est bien beau d’exiger des agriculteurs qu’ils introduisent de nouvelles cultures dans la sole, mais qui leur garantira les débouchés ? L’AGPM (association générale des producteurs de maïs) et la FNSEA travaillent assidûment ces sujets en lien avec les pouvoirs publics.
En élevage, le prix du lait, comme celui de la viande, est un fort sujet de préoccupation. Les éleveurs s’estiment oubliés, dépossédés de tout pouvoir, et la tentation est forte d’abandonner ces ateliers si exigeants en temps. Saura-t-on garantir à terme, l’autosuffisance de la France en produits laitiers si les producteurs découragés cessent cette activité ?
Éleveurs, mobilisez-vous autour de la FDSEA
La FDSEA du Haut-Rhin souhaite lancer une nouvelle dynamique au service des éleveurs. Plusieurs thématiques pourraient être travaillées dans le cadre d’un groupe d’éleveurs motivés : l’embauche d’un salarié en commun a été évoquée pour que les éleveurs retrouvent du temps pour eux-mêmes et pour les activités syndicales.
Les éleveurs allaitants ont aussi exposé leur manque d’information sur les attentes du marché, ils seraient prêts à réorienter leurs priorités, s’ils étaient davantage guidés par les intermédiaires. Ils relèvent aussi que les acheteurs mettent de plus en plus de temps à enlever les bêtes (15 jours au lieu d’une semaine) et souhaitent évoquer ce sujet en groupe pour identifier des solutions.
La FDSEA réfléchira au moyen de faire vivre ce groupe avec l’aide des nouvelles technologies (visioconférence notamment) pour éviter du temps de déplacement à nos éleveurs déjà très occupés.
La communication : un enjeu fort
Le débat s’est enfin engagé sur le parti pris des médias, notamment dans la polémique sur les abeilles et les effets des produits phytosanitaires.
Les agriculteurs regrettent cette situation mais la FDSEA fait remarquer, a contrario, deux points positifs : 100 % des communiqués de presse de la FDSEA ont été relayés par la presse régionale en 2020. Les radios locales et France 3 n’ont pas été en reste, avec plusieurs reportages.
Par ailleurs, la récente enquête d’opinion réalisée par la nouvelle association « Agriculteurs d’Alsace » montre que les Alsaciens ont très majoritairement une bonne image de notre agriculture. Les membres ont aussi rappelé qu’il suffit d’un agriculteur, irrespectueux des conditions d’application des traitements phytosanitaires (vent, etc.), pour dégrader l’image de toute la profession et en appellent au sens des responsabilités de chacun.
Des participants ont aussi proposé de relancer, quand la situation sanitaire le permettrait, des animations locales, à la foire de Mulhouse par exemple, autour du lait ou d’autres sujets, pour le grand public. Elles ont un impact très positif.
Employeurs, formez-vous à la nouvelle convention collective sans tarder
En réponse aux participants, un point a été fait sur la nouvelle Convention collective nationale, qui concerne tous les salariés de la production agricole et des Cuma, et doit être appliquée rigoureusement par leurs employeurs. Les bulletins de paie devront intégrer le nouveau coefficient d’emploi pour chaque salarié, dès la paie d’avril.
La FDSEA organise actuellement des formations courtes mais denses, et des webinaires à l’attention de tous les employeurs agricoles. Renseignements et inscriptions auprès d’Agnès Sabaté.
AG du syndicat du canton de Dannemarie : la solidarité d’abord
Le syndicat du canton de Dannemarie a tenu son assemblée générale le 22 février sous l’égide de son président Vincent Dietemann. Il a rappelé la nécessité que les agriculteurs soient solidaires pour faire front commun contre les aberrations. Il donne l’exemple de la ville de Lyon qui était, ce jour, l’objet d’une manifestation de la FDSEA locale car la ville a décidé d’enlever la viande des menus dans les cantines. Il faut un syndicat fort pour contrer ce genre d’initiatives.
Ceux qui pensent promouvoir la biodiversité sans élevage bovin et sans viande se trompent. C’est même une hérésie. Outre leur rôle indispensable pour nourrir les troupeaux, qui nous nourrissent à leur tour, les prairies sont des espaces privilégiés pour la petite faune, et d’excellents puits de carbone. Encore faut-il que les prairies ne soient pas la cible des dégâts de sangliers : une prairie dévastée en hiver, c’est une bonne partie de la première coupe qui est perdue.
Outre la remise du livret préparé par la FDSEA et les JA sur les droits des agriculteurs face aux dégâts de gibiers, il a été rappelé que les déclarations de dégâts sont possibles à partir de vendredi prochain sur le site du Fonds départemental d’indemnisation des dégâts. Les participants ont aussi été invités à solliciter leur maire pour demander la réunion de la commission consultative de la chasse, qui doit être obligatoirement réunie au moins une fois par an, et permet de régler diverses questions par le dialogue entre chasseurs, agriculteurs et élus.
Préserver les terres agricoles
L’échange a été nourri sur la préservation du foncier. Les agriculteurs, échaudés par des projets de contournements de villages, jugés trop consommateurs de terres, ont été invités à faire remonter à la FDSEA tous les projets urbanistiques consommateurs de foncier. D’autre part, il est utile de dialoguer avec les élus locaux pour avoir connaissance des projets pouvant impacter les exploitations, et être si possible partie prenante des réflexions, avant que les projets soient bouclés.
Protéger le revenu
Les éleveurs laitiers présents dans l’assistance ont fait part de nombreuses questions sur la valorisation du lait, et les relations entre les coopérateurs, les coopératives et la grande distribution. Les ambitions de la loi Egalim sont bien loin d’être atteintes.
De même, les attentes des collectivités locales envers les éleveurs, notamment en matière de qualité de l’eau, sont entendables à condition que ces collectivités proposent des contreparties : une rémunération des services « verts » rendus par les agriculteurs ; idéalement avec un engagement à approvisionner les cantines en produits locaux, valorisés au-dessus des coûts de production.
Ces thématiques et de nombreuses autres – projet d’embauche de salariés en commun par les éleveurs, pour regagner un peu de temps, développement de la bourse aux fourrages, etc. - pourront utilement alimenter les réflexions du groupe lait de la FDSEA, dont le syndicat veut relancer la dynamique.